Lorsque des afrodescendantes s’avancent en réclamant des espaces non-mixtes où elles pourraient engager une discussion qui accorderait la légitimité de leurs ressentiments dans le but de les orienter vers une probable guérison, nombreuses sont les femmes blanches qui, heurtées par une pseudo-invisibilisation, parleront d’exclusion, de séparatisme, de division ou encore de communautarisme. Au nom du féminisme, elles ne tarderont pas à faire comprendre que nous devons toutes restées unies face à nos ennemis communs qui sont le patriarcat, le capitalisme, le viriarcat, le sexisme, la misogynie et tout ce qui nous oppresse au quotidien. Mais dans notre quotidien, certaines femmes blanches ne jouent-elles pas un rôle majeur dans le racisme structurel qui nous garde opprimées jour après jour? Les femmes noires connaissent une persécution universelle qui ne consterne personne, même pas les hommes noirs. Lorsqu’un homme noir est tué par le système, c’est toutes les communautés noires qui se lèvent pour s’indigner, avec les femmes en première ligne. Mais lorsqu’une femme noire est assassinée, violée, réduite en esclavage, mutilée, stérilisée à son insu ou enrôlée de force dans un réseau de prostitution dans des sociétés modernes actuelles, qui sont ces personnes qui osent se présenter pour faire de ces situations une cause commune et plaider pour la protection des femmes noires? Ce sont les femmes noires qui tentent seules de s’affranchir et de se délivrer de cette domination qui depuis des siècles fait des ravages. Les femmes noires sont dans l’obligation de progresser dans une tempête de négrophobie avec la difficulté de ne pas se laisser engloutir par la précipitation et la profondeur des vagues de haine qui nous convertiront en naufragées lorsqu’on réussira à garder la tête hors de l’eau mais qui feront aussi de nous des survivantes traumatisées qui n’auront de cesse d’interroger la valeur de leur existence.@veeveemlnd (clique ici pour voir son compte)Les femmes blanches doivent absolument prendre conscience que les bases de nos luttes sont peut être les mêmes, mais nos revendications restent pour la plupart bien différentes. Le féminisme blanc demande à ce que les femmes ne soient plus contemplées pour leur beauté ou toute autre forme qui les rattacherait à une superficialité mise en place pour plaire aux hommes, mais qu’on les considère comme travailleuses, indépendantes, fortes, et déterminées. Les femmes noires quant à elles voient encore une nécessité à la mise en valeur de leur beauté puisque le passé esclavagiste et colonial de la société a toujours estimé que les Afrodescendantes étaient, sans aucun doute, travailleuses, fortes, insensibles, laide et virile. Toutes ces assomptions avaient pour but de légitimer l’esclavage et convaincre les foules de l’animalisation des femmes noires incapables de ressentir aucune douleur (Chose que je trouve un peu contradictoire d’ailleurs, car les esclavagistes aimaient affirmer que les corps noirs étaient invulnérables, mais dans ce cas, comment se fait-il que nous pouvons lire dans plusieurs ouvrages que la flagellation était un châtiment fort répandu à cette période-là? Dans quel but les lèvres et les mains étaient-elles coupées, au Congo, si les noir-e-s n’étaient pas supposé-e-s ressentir une quelconque souffrance?).
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La colonisation des mentalités a immortalisé cette stigmatisation dans les consciences, ce qui fait que, à ce jour, les Antillais-e-s et les Africain-e-s vivent encore avec la pensée que les femmes noires seraient moins attirantes physiquement, elles seraient sauvages et intolérantes. Les femmes blanches se battent pour qu’un autre type de représentation soit illustré dans les médias et les spots publicitaires, car ceux-ci ont, pendant des années, répandu l’image de la femme objet sexualisée et sans aucun “défaut” physique apparent. Je pense qu’on se rappelle toutes des publicités érotiques du shampoing Herbal Essence qui mettaient en scène des femmes simulant une jouissance orgasmique alors qu’elles se lavaient simplement les cheveux (Je n’ai pas pu retrouver les version francophones mais ici tu as la version anglophone,en voici une autre )… Dans l’espace médiatique, les femmes blanches se sont toujours vues exposer comme femmes-objet ou bonnes ménagères prenant bien soin des enfants, tandis que les femmes noires n’étaient pas du tout représentées, le prisme colonial ayant réussi à convaincre les populations que les Afrodescendantes n’étaient ni belles ni désirables, celles-ci se retrouvaient sous le feu des projecteurs uniquement lorsqu’il était question de cantonner les noir-e-s à la violence, la délinquance, la pauvreté et la supposée sur-reproduction des femmes noires à la sexualité insatiable.
Lors d’une conférence de presse d’Emmanuel Macron, le Samedi 8 juillet 2017, au G20 à Hambourg, le président de la république Française n’a pas hésité à faire part de son paternalisme et de son mépris de race en affirmant devant des caméras (clique ici) que le taux de natalité des femmes Africaines était anormalement élevé, d’après lui celles-ci auraient 7 à 8 enfants à charge…Un argument facile à démonter lorsque l’on connait les chiffres donnés parla banque mondiale , ce que le président a exprimé n’est rien d’autre qu’une idée raciste et négrophobe tentant de culpabiliser les femmes noires du fait qu’elles donnent naissance à des individus que les blancs ne pourront pas utiliser. À une époque pas si lointaine que ça, pour les esclavagistes, les femmes noires, en plus du travail forcé, n’étaient destinées qu’à mettre au monde des enfants-marchandises qui travailleraient, à leur tour, pour leur maître. Je peux prendre pour exemple la femme Guadeloupéenne Nommée Solitude qui, alors qu’elle était enceinte, s’était opposée à la domination blanche et avait combattu auprès d’autres esclaves pour la libération de tous les esclaves. Solitude sera arrêtée le 23 mai 1802 et condamnée à mort, mais ses tortionnaires décidèrent d’attendre que sa grossesse soit à son terme pour la liquider, dans le but de ne pas perdre 2 esclaves. Elle sera ainsi tué le 29 novembre 1802 après avoir accouché.Solitude (1772-1802)En temps d’esclavage et de colonisation, les blancs ne voyaient aucun mal à ce que les femmes noires soient utilisées (et surtout violées) pour concevoir des enfants qui leur seraient utiles à la tâche, mais maintenant qu’ils ne peuvent plus posséder d’êtres humains, ils font mine de s’inquiéter de la surpopulation en infantilisant les Afrodescendantes et en les faisant passé pour des femmes irresponsables incapables de gérer leur libido. Par ce phénomène ils incriminent les femmes noires en sous-entendant qu’elles sont responsables de la précarité de leurs pays. Ceci participe d’autant plus à l’exotisation et à l’hypersexualisation des femmes noires qui sont perçues comme des bêtes féroces (généralement la panthère) que l’on aborde uniquement pour se satisfaire sexuellement. Le livre le ventre des femmes de Françoise Verges, revient sur les avortements et les stérilisations forcées qui se faisaient clandestinement par des médecins blancs sur des femmes non-consentantes aux Antilles, dans les années 1960-1970. L’extermination des Afrodescendant-e-s par la ligature des trompes des femmes noires se pratique également au Brésil, enIsraël, mais aussi en Afrique et ce, toujours sans consentement. Ces stérilisations forcées font comprendre qu’il y a une réelle volonté de voir s’éteindre la race noire. Si l’enfant noir-e n’est pas rentable pour les blancs, l’enfant n’a pas le droit de vivre !Dans la représentation médiatique des noires, on peut observer, comme citer plus haut, que la violence est systématiquement associée aux personnes noires. Les femmes noires seraient très susceptibles,enragées, et prêtes à ne faire qu’une bouchée de quiconque croisera leur chemin. Cette stigmatisation a été d’autant plus voyante lorsque, pour la première fois de toute sa carrière, le 9 septembre 2018, Serena Williams s’est opposée à une décision arbitraire qu’elle jugeait injuste. Les média faisaient alors usage de toutes les appellations les plus négrophobes pour la décrire.Serena Williams dépeinte comme une ogresseC’est bien pour ce fait, que l’on retrouve actuellement, sur la plateforme YouTube, des femmes noires qui publient des vidéos prônant la féminisation de leurs consœurs (en français comme en anglais), une féminité noire qui devrait nous apprendre à être plus douce, plus coquette, et distinguée, dans l’espoir de pouvoir se détacher de toutes ces étiquettes qui nous collent à la peau. Ce sont des mécanismes de défense logiques qui s’expliquent par le mépris auquel les femmes noires doivent faire face depuis des siècles. Il est d’une grande utilité de renverser le mythe de la femme noire moins féminine que les autres et de contextualiser les beautés noires, mais j’en viens à me demander qu’est-ce que la féminité ? Qu’est-ce que “être féminine” signifie? La féminité n’est-elle pas une construction sociale ayant pour but de garder les femmes à une position inférieure et leur faire croire qu’il n’existe qu’une seule manière d’être femme? Nanci Olebe , Deliana Osagiede🇳🇬 et Shayla Janel photographiées parTroy Monteségende
Historiquement, les femmes Afrodescendantes ont toujours été travailleuses, contrairement aux femmes blanches, travailler et pouvoir dans le même temps s’occuper de ses enfants a toujours fait partie du quotidien des noires. C’est pour cette raison qu’à l’heure actuelle, des femmes noires suggèrent à leurs semblables plus jeunes de se contenir, de ne pas montrer qu’elles sont trop intelligentes ou trop indépendantes car cela ferait fuir les hommes. Les hommes noirs, tout comme les femmes, ont intériorisé la misogynoire des hommes blancs et ceci explique pourquoi certains tentent à tout prix d’éviter les femmes noires ou alors se contentent d’avoir des relations sexuelles avec elles sans jamais entreprendre de les considérer comme potentielle femme à aimer. Le patriarcat est un système qui valorise les hommes, et pour que les hommes gardent cette place suprême, il leur faut une femme qui aient les critères de féminité la conservant à son infériorité. Seulement l’esclavage et la colonisation ont décrété que hommes et femmes noir-e-s avaient le même statut, la même position, et les mêmes caractéristiques ( travailleur-se-s, fort-e-s, insensibles, et viriles), comment, dans une société patriarcale, un homme peut-il se sentir supérieur à une femme qui serait exactement comme lui? Il est bon de souligner que malgré le racisme sociétal, beaucoup d’hommes noirs tentent d’accéder aux mêmes privilèges que les hommes blancs, la majorité d’entre eux cherche à demeurer mâle alpha tout puissant indestructible et pour que leur statut d’homme fort à la supériorité incontestable soit reconnue, il faut qu’ils prennent pour femmes celles qui, historiquement, ont toujours été cataloguées de personnes plus vulnérables, fragiles, sensibles, et faiblardes, c’est à dire les femmes non-noires.
À la déclaration de l’indépendance de la majorité des pays Africains, les colons sont partis comme des voleurs (sans jeu de mots), laissant derrière eux des peuples brisés à qui l’on a appris pendant une période beaucoup trop longue à développer une haine contre leurs compatriotes. Toutes les personnes Afrodescendantes ayant tenter de mener leur patrie vers l’union et la guérison, on été sauvagement assassiné par les pays Occidentaux. En sachant cela, on comprend pourquoi les noir-e-s se retrouvent avec des traumatismes transgénérationnels qu’iels n’arrivent pas à extérioriser.
Justine SkyeetGoldlinkAu lieu de penser aux différentes manières qui pourraient indemniser les Afrodescendant-e-s en leur proposant réparations pour toutes ces années de massacres et de domination, l’Occident n’a fait que perpétuer des fondements basés sur la suprématie blanche et la déshumanisation des noir-e-s. Rappelons qu’en 2001 la Belgique exposait des Kényans comme de la marchandise dans un musée et en 2002, toujours dans le même pays, des Camerounais du peuple Baka se retrouvaient exposés dans un zoo pour montrer aux Blanc-he-s comment les coprs noirs étaient constitués. Mais lorsqu’on sait que les colons et esclavagiste ont été dédommagé financièrement, peut-on vraiment être surpris-e par ce manque de considération? J’aimerais aussi parler du supposé racisme anti-blanc qui veut faire croire à une persécution des blanc-he-s aux Antilles et en Afrique, alors que ces habitant-e-s blanc-he-s font partie de classes sociales bourgeoises, ils ne connaissent pas la précarité, ils ont des entreprises qui existaient déjà avant l’indépendance de ces territoires et appartenaient à leur aïeux colonisateurs, ils méprisent les autochtones, refusent de se mélanger à la population (sauf dans le cas où les noir-e-s sont riches comme eux) et créent leurs cercles privés. On peut également parler des touristes blancs (même celleux issu-e-s de la classe ouvrière) qui ne viennent que pour avoir des relations sexuelles pédophiles avec des jeunes filles noires de 13 ans, travailleuses du sex parce que la vie ne leur donne pas d’autre choix (documentaire sur le tourisme sexuel à l’île de la réunionet article sur le tourisme sexuel en Afrique ). Le compte instagram voyage décolonialnous fait quotidiennement découvrir les travers des personnes blanches qui, même lorsqu’il s’agit de mission humanitaire, ne peuvent s’empêcher de réagir comme des colons voulant civiliser les sauvages.clique ici pour voir la page de @decolonial.voyageIl nous est toujours demander de cesser la victimisation et de sortir de notre imaginaire qui voit un racisme là où il n’y en a pas, alors qu’en plus de devoir subir les conséquences de la colonisation, nous assistons à l’effacement de notre histoire (surtout les femmes qui sont complètement éradiquées de tous les mouvements libérateurs Africains) et de nos réflexions. Dans le milieu littéraire, des auteur-e-s noir-e-s sont obligé-e-s de constamment penser neuf, iels n’ont pas l’autorisation de propager une idée qui a déjà été répandue dans le passée. Pourtant des écrivain-e-s, des sociologues, et des romancier-e-s blanc-che-s, écrivent des ouvrages qui ont pour thème des sujets qui sont abordés depuis le 19 ième siècle sans que cela ne dérange personne. Par ce processus de censure, il est claire que les expériences noires n’intéressent que si elles rentrent dans l’idéal stéréotypé conçu expressément pour nous. Malgré les efforts fournis pour nous silencier, nous devons garder en tête que la répétition orale et transcrite de nos expériences est importante car c’est à force de nous répéter que l’on finira par intégrer que nous sommes à l’opposé de tout ce qui se dit sur nos existences et c’est par le même biais que l’on pourra voir le colorisme s’essouffler. De plus, je pense que les femmes hétérosexuelles noires claires de peau et les métisses ont le devoir de participer activement à la déconstruction des mentalités. Elles doivent avoir la capacité de pouvoir parler du colorisme aux hommes noirs foncés qui les convoitent, elles ne peuvent pas constater que toutes les ex-compagnes de leur prétendant ont toutes la même carnation et rester silencieuses devant une telle fétichisation qui est toute aussi dégradante pour elles !Ella MaiJe conclurai en disant que les féministes blanches ont besoin d’admettre que le patriarcat est racialisé et que le capitalisme cause plus de tords aux personnes non-blanches qu’aux femmes blanches et ceci on peut le voir avec l’écart salariale qui réside entre les femmes blanches et les femmes non-blanches. Une fois que ceci sera compris, je pense qu’on entendra moins de remarques désobligeantes laissant savoir que les Afrofem sont communautaristes. Le féminisme blanc se décline sous différents aspects, et par un consensus logique il existe également plusieurs formes d’Afroféminisme. Respectons les luttes de chacune et arrêtons de vouloir à tout prix décrédibiliser celles qui choisissent de ne pas s’orienter là où on le voudrait.
Amour sur vous.
Tétons Marrons s’engage à être la première plateforme vers laquelle les femmes noires se tournent pour trouver une source d’informations qui est à l’image de leur existence.
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