Le 31 juillet est une journée qui commémore le premier congrès panafricain féminin (PAWO) organisé à Dakar (Sénégal), le 31 juillet 1974. Cette date renvoi également à un premier rassemblement donné à Dar es Salaam (Tanzanie), à l’ébauche des mouvements indépendantistes Africains, regroupant des femmes de tous les pays d’Afrique, le 31 juillet 1962.
Cette première réunion de 1962 rassemblait des femmes Africaines déterminées à s’imposer dans un système patriarcale pour faire valoir leurs droits et leur existence. Des femmes qui parvinrent à trouver un point d’entente visant à développer le continent Africain et à venir en aide aux personnes opprimées.
Alors que la majorité des pays Africains célèbre actuellement leurs 60 ans d’indépendance, on peut constater que nombreux-ses sont les citoyen-ne-s Africain-e-s ne jouissant pas des droits fondamentaux. L’Afrique progresse à son rythme mais le combat contre l’exploitation humaine, la corruption, le sexisme, et les violences faites aux femmes, n’est pas encore fini.
En ce jour, il est important de rappeler quelles sont les femmes qui, à leur échelle, s’insurgent contre les inégalités systémiques de manière à ce que, dans un futur proche, la population puisse jouir d’une Afrique qui promeut l’égalité des chances.
Jaha Dukureh

Jaha Dukureh, Gambienne résidant à Atlanta, a fait énormément parlé d’elle récemment de part son nouveau titre d’ambassadrice internationale de L’oréal Paris. La militante âgée de 30 ans, doit sa notoriété à une pétition change.org qu’elle mit à la disposition des internautes en 2015 pour bannir les mutilations génitales féminines, elle parviendra à récolter 220 000 signatures et c’est par ce biais que Jaha Dukureh influencera le président Gambien à prohiber ces pratiques impétueuses en novembre 2015.
Mutilée dès le plus jeune âge et enrôlée dans un mariage forcé à 15 ans, la survivante fait de son parcours personnel, un combat pour éviter aux générations futures de subir le même calvaire. En 2016 le Time Magazine la nommera Africaine la plus influente du monde et deux ans après elle deviendra ambassadrice régionale d’ONU femmes pour l’Afrique.
Avec son association Safe hands for girls, Jaha Dukureh vient en aide aux jeunes filles et femmes mutilées. Elle s’est également fixée l’objectif d’éradiquer les mariages forcés et les mutilations génitales féminines pour 2030.
Fatou Sow

Fatou Sow est une sociologue Sénégalaise considérée comme pionnière du féminisme Africain. Après l’indépendance du Sénégal, elle était une des premières Africaines francophones à poursuivre une éducation académique universitaire. La sociologue dévoile sur le plateau de TV5MONDE que de part le fait qu’elles n’étaient que deux femmes noires dans un amphithéâtre regroupant 300 personnes, elle a pu rapidement prendre conscience des différences de traitement.
Son parcours lui permettra davantage d’expérimenter le machisme et le sexisme puisqu’elle sera, à partir de 1973, la seule femme membre du conseil du développement de la recherche en sciences sociales Africaines. Professeure à l’université et chercheuse au centre national de la recherche scientifique, madame Sow fit intégrer les études féministes et les questions de genres dans les universités de Dakar.
Membre de plusieurs collectifs féministes tels que Femme sous loi musulmane et Development Alternatives for woment in a new era, Fatou Sow montre quotidiennement qu’à l’âge de 79 ans, elle continue de combattre pour faire valoir les droits des femmes.
Depuis 2008, chaque année, elle organise le 7 mars, la journée du Talaatay Nder qui est une manifestation en hommage aux femmes du Walo qui ont préféré s’immoler par le feu plutôt que d’être asservies.
Gégé Katana Bukuru

Gégé Katana Bukuru est une militante Congolaise vivant à Uvira, dans la province du Sud-Kivu, une zone en guerre depuis 1996 en République démocratique du Congo. La militante créé en 2001 une organisation Solidarité des femmes activistes pour la défense des droits humains (SOFAD).qui comporte 625 militantes et a pour but d’apporter un soutien psychologique, médical et juridique aux femmes victimes du génocide Congolais.
Le viol étant une arme de guerre fortement prisée, Gégé Katana Bukuru voit quotidiennement le nombre de victimes augmenter. Très vocale sur ses positions et ses valeurs, elle s’est plusieurs fois vue torturée, emprisonnée et même exilée, pour la seule raison que la militante de 57 ans recherche la paix et la sécurité de toutes les femmes dans son pays.
Par manque de considération Gégé Katana Bukuru se voit obligée de faire usage de fins stratagèmes pour être entendue. Elle confie à Paris Match en 2018 “On ne fait pas le poids face à la persistance de la guerre, alors il faut ruser pour créer des alliances à tous les niveaux et obtenir une paix durable. Plutôt que de s’adresser aux chefs de guerre, on identifie qui est leur femme ou leur maîtresse favorite, ou encore leur fille, et on passe par elle. On fait comprendre aux femmes l’importance d’un cessez-le-feu, et on s’arrange pour qu’elles transmettent le message aux hommes.”
Gégé Katana Bukuru sensibilise la population sur le viol et ses méfaits sur la santé mentale. Elle tente de créer avec les survivantes, une nouvelle façon d’exister et de combattre les tortionnaires, dans une région où le chaos règne en maître depuis plus de 20 ans.
Angélique Kidjo

Angélique Kidjo est une chanteuse Béninoise de 60 ans domiciliée à New York. Elle est connue pour ses chansons à doubles significations rappelant son engagement auprès des femmes d’Afrique.
La chanteuse a été récompensée 5 fois d’un Grammy award et le 6 mars dernier Forbes Magazine cataloguait Angélique Kidjo comme étant l’une des 50 femmes les plus puissantes d’Afrique.
La Diva Béninoise tente de mettre fin à l’infantilisation des femmes Africaines perpétuée par l’Occident, en s’engageant activement dans l’éducation des jeunes filles. Angélique Kidjo affirme que si les femmes sont instruites, il y aura moins de chances pour qu’elles se retrouvent dans des mariages précoces et plus de chances pour le continent de se développer. C’est pour cette raison qu’en 2007, elle fit découvrir sa fondation nommée Batonga qui a pour but d’assister les jeunes filles dans leurs études secondaires.
Batonga est le titre d’une chanson à succès du premier album Logozo de la chanteuse sorti en 1991. Mais on découvrira également que Batonga est un mot inventé par Kidjo lorsqu’elle était petite, qu’elle criait pour effrayer les petits garçons qui la harcelaient à l’école.
Angélique Kidjo est également, depuis 2002, ambassadrice de bonne volonté de l’UNICEF.
Chimamanda Ngozi Adichie

Chimamanda Ngozi Adichie est une écrivaine Nigériane de 43 ans vivant entre Lagos et Washington.
Chimamanda est connue pour ses ouvrages révélateurs visant à la conscientisation. Elle n’a pas peur de faire entendre ses revendications et les inégalités de genres qui demeurent encore trop flagrantes. Par ses livres, elle donne vie à une autre narrative et laisse entrevoir un autre monde.
En 2005 elle reçoit le prix du meilleur livre du “commonwealth writer’s Prize” pour l’hibiscus pourpre. Deux ans plus tard elle sera récompensée du prix du meilleur ouvrage de l’année par “women’s prize for fiction” pour l’autre moitié du soleil.
En 2014 on pouvait entendre une partie de son discours féministe dans une des chansons de Beyoncé nommée flawless.
Sur le réseau social instagram, l’écrivaine mit en place le projet “wear Nigerian” pour pousser les Nigérian-e-s à consommer local et rehausser l’économie du pays.
- Ntumba Matunga
- 31 juillet, 2020

Ntumba Matunga
Fondatrice de Tétons Marrons