- Ntumba Matunga
- 21 Oct 2020
- octobre 21, 2020
- 8:19
Dernièrement nous apprenons que, de part et d’autres, l’Afrique connait un chaos des plus assassin. Dans les multiples publications dénonciatrices que l’on peut lire sur les réseaux sociaux, nous pouvons constater, comme à l’accoutumé, l’invisibilisation des femmes Africaines qui se battent, chacune à une échelle différente, pour faire valoir leurs droits et leur existence. Cette article retracera le parcours de certaines d’entre elles.
Kiki Mordi

Kiki Mordi, jeune journaliste Nigériane de 29 ans, est connue pour son fameux documentaire “Sex for grades” diffusé sur la chaîne BBC. Dans son documentaire long de 53 minutes, elle expose les agissements des professeurs des universités du Nigéria et du Ghana, qui harcèlent sexuellement les étudiantes. Ces derniers usent du chantage pour faire céder leurs victimes, ils proposent d’administrer de meilleurs notes si celles-ci acceptent ou, au contraire, de les mettre en situation d’échec si elles refusent leurs avances non-sollicitées. Suite à la popularisation de ce documentaire, non seulement le film sera nominé aux Emmy 2020, mais en plus de cela, le gouvernement Nigérian déclarera un état d’urgence et se voit, grâce à Kiki Mordi, juger plus sévèrement les actes de viol et harcèlement sexuel.

La journaliste s’est toujours montrée très impliquée dans les causes féministes, le harcèlement sexuel et les violences genrées sont des choses qu’elle condamne et qu’elle s’est engagée à combattre quotidiennement. Elle est membre de plusieurs organisations qui ont pour but d’aider les femmes du Nigéria.
En 2017, elle est victime d’une perquisition non-réglementée, les forces de l’ordre Nigérianes s’introduisent illégalement chez elle, car celle-ci était suspectée d’occultisme, chose qui est passible de 5 ans d’emprisonnement au Nigéria. Suite à ce fâcheux événement, elle met en ligne une pétition contre l’extorsion, l’intrusion et l’exploitation policière du Nigéria.

Actuellement, nous pouvons voir sur son compte instagram que Kiki Mordi est très active mais aussi très vocale sur ses convictions. Elle utilise le hashtag #EndSARS pour dénoncer les violences policières, demander que justice soit rendue aux personnes assassinées injustement par les forces de l’ordre, mais aussi que le salaire des agents de police soit revue à la hausse pour qu’ils puissent faire correctement leur travail.
Lola Omolola

Lola Omolola est le visage qui se cache derrière le groupe facebook nommé Female IN (Female in Nigeria). La journaliste Nigériane de 44 ans, à l’écoute des événements alarmants de 2014 au Nigéria, décida de créer une plateforme qui donnerait une voix aux femmes Nigérianes. Tandis que les médias et les blogs définissaient les atrocités de Boko Haram uniquement sous le spectre du terrorisme, Omolola y vit une misogynie flagrante qui découle du patriarcat. Lorsque Boko Haram kidnappait plus de 300 filles à la sortie de l’école, Lola Omolola comprit qu’il y avait une démarche établie pour restreindre aux femmes l’accès à l’éducation, ce frein au savoir les garderait dépendantes et asservies aux hommes.
Selon BBC, Female IN est une des pages Facebook à la croissance la plus fulgurante et remarquable. En très peu de temps, le groupe de la journaliste militante réussit à amasser près de 1.7 millions d’adhérentes quasiment toutes localisées au Nigéria. Une expansion qui attisa la curiosité du président-directeur général de Facebook, et qui permit une rencontre entre Lola Omolola et Mark Zuckerberg.

Ce groupe attire de part les dispositions d’expression libre émises par la fondatrice. Les femmes Nigérianes partagent entre elles leurs expériences concernant les violences conjugales, le viol, la pédophilie, le coming-out, ou encore les grossesses précoces des adolescentes. De part la diversité de ces conversations, le groupe Female IN est pointé du doigt au Nigéria, et est perçu comme un outil visant à la perversion des femmes. Lola Omolola ne voit pas les choses sous cette angle et continue de faire profiter de sa plateforme safe place aux femmes qui en ont besoin.
Meganne Boho

Megane Boho est une militante Ivoirienne, présidente de la ligue Ivoirienne des droits des femmes. La jeune femme de 25 ans s’est donnée pour mission de changer l’ordre des choses en Côte d’ivoire, en commençant par lutter contre le sexisme et la misogynie sur les réseaux sociaux, mais pas que !
Megan Boho propose d’accompagner psychologiquement et juridiquement les survivantes de viol et violences. Elle permet aux victimes de se reconstruire et de trouver une source de réconfort. Par cet élan que nous appelons sororité, elle créé un lien de confiance entre les Ivoiriennes qui apprennent, comme beaucoup de femmes dans le monde, à se débarrasser de la misogynie intériorisée.
Irad Gbazalé

Directrice d’école et présidente de l’ONG “femmes en action”, Irad Gbazalé dévoue ses journées à la conscientisation des plus jeunes. Par son programme intitulé “Top filles”, madame Gbazalé transmet aux écolières Ivoiriennes un savoir primordial principalement concentré sur les changements internes et externes du corps des jeunes filles.
C’est avec une pédagogie bienveillante que Irad Gbazalé éduque sur l’apparition des menstrues mais aussi sur la question du consentement qui reste, à ce jour, un sujet tabou.
Sadya Touré

Sadya Touré, jeune écrivaine féministe de 23 ans, impressionne par sa détermination à faire entendre sa voix. Elle est également la fondatrice de l’association nommée “Mali rural women empowerment organization”. Dans une interview donnée à l’OBS, elle explique être issue de deux cultures qui s’opposent sur la thématique de l’excision. Une divergence prépondérante qui incita sa mère à l’accompagner secrètement se faire exciser alors que son père s’y était formellement opposé.
Son livre “être une femme ambitieuse au Mali” relate son vécu mais pointe également les inégalités de genre qui suscitent bien des maux chez les femmes Maliennes. Sadya Touré énonce des thèmes, tels que la sexualité, qui habituellement ne sont pas abordés de manière aussi détachée. Une parole libérée et décomplexée qui incitera les femmes du Mali à réinventer les diktats sociétaux.
Julienne Lusenge

Julienne Lusenge, militante Congolaise, est la présidente du conseil d’administration de “Sofepadi” (organisation nationale congolaise qui œuvre pour la défense et la promotion des droits des femmes) et Directrice du “Fonds pour les femmes congolaises” (FFC). Depuis le 15 octobre 2020, elle est la co-présidente de la commission d’enquête indépendante sur les allégations d’abus et d’exploitation sexuels lors de la riposte contre la dixième épidémie d’Ebola à l’Est de la RDC.
La militante Congolaise est active depuis plus de 30 ans et se bat quotidiennement aux côtés d’autres femmes pour mettre fin aux violences genrées et à l’utilisation du corps féminin comme arme de guerre en République Démocratique du Congo.
Comme le rappelle le média actualité.cd, le mois passé, un rapport publié par l’ONG The New Humanitarian et la Fondation Thomson Reuters , affirmait que plus de 50 cas d’exploitation et d’abus sexuels de la part des employés de l’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) et de certaines ONG lors de l’épidémie d’Ebola en République démocratique du Congo. Parmi les organisations citées dans ce dossier, il y a notamment, l’UNICEF, Oxfam, Médecins Sans Frontières, World Vision et ALIMA. La majorité de ces femmes ont déclaré que des hommes leur avaient fait des avances, les avaient forcées à avoir des relations sexuelles en échange d’un emploi ou avaient mis fin à leur contrat lorsqu’elles avaient refusé.
Julienne Lusenge mit en place des infrastructures disposées à éloigner les filles et les femmes du danger. Un accès à des biens vitaux (tels que l’eau potable) qui permettent aux Congolaise de ne pas s’aventurer dans la brousse au risque de tomber nez à nez sur des tortionnaires. A l’heure actuelle, l’activiste milite encore pour que justice soit rendue aux survivantes de crime de guerre.

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