- Ntumba Matunga
- novembre 19, 2020
- 10:31
Depuis la nuit des temps, la présumée faiblesse des femmes est exposée comme étant une réalité incontestable. Des femmes entretiennent également cette idée et s’avancent en disant qu’elles souhaitent avoir un homme fort à leurs côtés pour les protéger. Nous allons, dans cet article, tenter de savoir si les femmes sont naturellement plus faibles que les hommes ou si il s’agit d’une construction sociale.
La différence de taille
En moyenne, les femmes mesurent 6 à 8 centimètres de moins que les hommes, seulement de nombreux articles (rfi, France inter, libération) rapportent que des anthropologues et des ethnologues s’accordent à dire que si le dimorphisme sexuel de taille existe, c’est parce que, au sein même de leur foyer, les femmes étaient confrontées à une discrimination alimentaire. Si les femmes avaient eu droit au même accès nutritionnel que les hommes, celles-ci seraient toutes aussi grandes qu’eux. L’hérédité est un des facteurs majeurs qui détermine la taille des individus, mais à cela, d’après l’anthropologue Françoise Héritier, on peut ajouter les carences alimentaires qui font partie d’un système patriarcale et sexiste que les femmes n’ont, pour la majorité, pas conscience de perpétuer.
Ceci peut vous sembler grotesque, mais observez les mécanismes adoptés dans les familles Africaines et Afro-descendantes. Même si certaines consciences noires tentent de nous faire croire le contraire, le patriarcat n’est pas un modèle qui nous a été imposé par la colonisation. Certaines civilisations Africaines suivaient la matrilinéarité, mais s’entendre dire que tout le continent était matriarcal ressort du fantasme. Par ce patriarcat Africain, on retrouve encore à ce jour, un privilège masculin qui asservit les femmes pour conserver la supériorité des hommes.
Dans des livres tels que «faiminisme-quand le sexisme passe à table » de Nora Bouazzani, « le mythe de la virilité » de Olivia Gazalé ou encore « homme grand, femme petite » de Priscille Touraille, il est expliqué que c’est parce que les femmes se préoccupent d’abord de nourrir les hommes de la famille, qu’elles demeurent moins bien alimentées et développent des carences alimentaires. Au quotidien, dans nos communautés Africaines et Afro-descendantes, même si il y a des exceptions, on peut voir que ce procédé sexiste bien ancré se reproduit de générations en générations. Il arrive que même en dehors du foyer familiale, lors d’évènements festifs de familles (mariages, anniversaires, festivités religieuses, etc), les jeunes filles conviées soient rassemblées pour seconder les femmes plus mûres à la cuisine, très souvent ces jeunes filles passent du statut d’invitée à celui de serveuse ou cuisinière. Et nulle ne peut dire qu’elle n’a jamais entendu une femme affirmer « J’ai tellement cuisiné que j’en ai perdu l’appétit » . Oui, à force de préparer des petits plats pour les autres, nous nous retrouvons à manger de plus petites quantités de nourritures ou à ne pas manger du tout lorsque notre sensation de faim s’est évaporée à cause de l’accoutumance de nos obligations culinaires qui vient nous lasser et nous force à sauter les repas .

À la découverte de ceci, certaines pourraient se dire qu’il s’agit là d’un faux problème, mais détrompez-vous ! Il a été prouvé qu’il était plus avantageux pour une femme d’être grande de taille si celle-ci aspire à donner vie à une descendance.
Si en Europe les infrastructures hospitalières avancées permettent de minimiser les difficultés d’accouchement des femmes petites de taille, en Afrique, la mort en couche reste la première cause de mortalité chez les femmes. Chaque minute une femme Africaine meurt en essayant de donner la vie. Pour ce fait, il est important de démanteler ce système oppressant et de s’assurer que les petites filles aient le même accès à la nourriture que les petits garçons pour qu’elles puissent grandir aussi bien que leurs frères. Car en pénurie de nourriture, les mamans Africaines continuent de favoriser l’alimentation de leur fils à celle de leur fille. Pour cette raison, je vous dirige vers l’association Africaine nommée ALIMA (the Alliance for International Medical Action) qui s’est donnée la mission de venir en aide à plusieurs pays d’Afrique, au niveau alimentaire, comme au niveau médical.
Les capacités physiques des femmes
Des femmes élevées, nourries, bref socialisées comme des hommes auraient, tout porte à le croire, beaucoup de chance de développer une masse musculaire similaire à celle des hommes.

Dans le sous-chapitre « le sport contre les femmes » du livre “divertir pour dominer : la culture de masse contre le peuple”,un bon nombre de stéréotypes liés au genre sont dénoncés mais, parmi tous les préjugés sexistes cités, il en figure un dont l’idée porte à croire que parce que les femmes n’ont pas les mêmes capacités physiques que les hommes, il est préférable de les vêtir de tenues sportives plus courtes et plus moulantes afin d’éviter de les pénaliser avec une masse de tissu que leur corps ne pourrait supporter. Ce phénomène est visible également dans les jeux vidéo, dans les dessins animés et dans les films d’actions où les vaillantes héroïnes portent des tenues légères, tandis que les héros sont équipés d’une tenue complète additionnée à tout un attirail d’armes. On pourrait également se demander si la supposée fragilité de nos corps est le seul facteur intervenant dans cette démarche d’habillement ou si celle-ci ne serait pas accompagnée d’une sexualisation qui tente de rendre les sports féminins plus attractifs pour le regard des hommes.
Depuis quelques années sur YouTube, les vidéos de type “fitness at home” connaissent un énorme succès. Des femmes montrent à la caméra, les exercices à faire régulièrement pour obtenir “ce corps de rêve” tant convoité. Au premier abord, on pourrait croire que les femmes sont les premières consommatrices de ce genre de contenu, mais en s’aventurant dans l’espace commentaires, on s’aperçoit rapidement que ce sont des hommes qui s’y expriment le plus ! Les miniatures de ces vidéos(clique) sont des photos aussi suggestives que la manière dont on entend certaines de ces coachs jouir. Les vidéos squats, désormais sexualisées, sont une alternative aux vidéo porno pour les pervers qui fantasment sur les femmes sportives !

La stigmatisation importée de l’époque coloniale assigne, encore à ce jour, des étiquettes aux personnes noires les décrivant comme insensibles, fortes et viriles. C’est pourquoi, nous avons toutes connu ce moment gênant dans les écoles où, avant même que nous ayons eu l’occasion de montrer nos capacités sportives en cours d’EPS, nous étions déjà jugées meilleures compétitives que les autres par nos camarades de classe. Certaines en éprouvaient de la fierté lorsqu’elles se savaient vraiment talentueuses, mais pour les filles noires dont les compétences sportives sont médiocres, cela restait très insultant puisque celles-ci n’étaient perçues que comme des corps combatifs à avoir dans son équipe pour gagner. Pour les femmes noires on retrouve donc une balance entre la misogynoire (qui leur indexe massivement des caractéristiques physiques et morales sans tenir compte de leur individualité) et entre la force réaliste de certaines femmes noires bien entrainées.
La reine Amina de Zaria (Zaria est une province du Nigéria) ou encore les Amazones du Dahomey (le Bénin actuel) ont prouvé que le genre ne détermine ni la force ni le pouvoir. Actuellement, en Afrique, on retrouve encore, dans certains pays, des forces d’états composées uniquement de femmes prêtes à combattre.





En utilisant les stéréotypes de genres comme outils, le patriarcat instaure une hiérarchie que l’on peut définir comme étant une suprématie masculine qui vise à faire savoir que les hommes sont meilleurs que les femmes dans pratiquement tous les domaines mais qu’ils sont aussi supérieurs à elles. À ceci, rajoutons que tout au long de leur vie, les femmes devront faire face à des affirmations préventives qui les mettront en garde contre l’agressivité des hommes. Autrement dit, la culture de la peur est instrumentalisée pour que les femmes continuent de se penser faibles et inférieures face aux hommes. Sans même connaitre leur force, certaines soutiendront qu’elles ne font pas le poids face à un homme et c’est avec détermination qu’elles perpétueront l’idée que les femmes sont plus vulnérables que les hommes.
Nous avons bien vu par le passé que, malgré le fait qu’elles soient plus petites et moins robustes, que ce soit sur le plan sportif ou lors d’une situation violente, des femmes n’ont eu aucunes difficultés à mettre des hommes K.O. Cependant nous retrouvons encore de vieux clichés cherchant à nous inférioriser. Il est clair que nous devrions sortir de la massification de genres qui nie l’identité de chacune et de chacun. Contrairement à ce que pensent les masculinistes, on ne peut pas s’avancer en disant que les femmes sont plus faibles que les hommes (et vice versa) puisqu’il faut tenir compte du fait que nous ne formons pas une collectivité uniforme, dans un camp comme dans l’autre il existe des plus fort-e-s et des plus fragiles !

Vous devez être connecté pour poster un commentaire.