- Ntumba Matunga
- décembre 11, 2020
- 7:42 pm
Le pretty privilège serait le fait de correspondre aux critères de beauté occidentaux et d’accéder à des avantages auxquels les femmes jugées moins belles n’auraient pas droit. Nous verrons dans cet article si cela présente réellement un avantage pour les femmes ou si au contraire, c’est un moyen de domination.
Les faveurs qu’accorde le pretty privilège sont souvent des additions payées par un inconnu au restaurant, des amendes évitées par un contrôleur ou un policier, une réduction de facturation par un commerçant, des entrées gratuites par des organisateurs de soirées, etc. En sachant que toutes ces faveurs sont offertes en échange de numéro de téléphone voire plus, on en vient à se demander s’il est vraiment approprié de parler de privilège féminin quand on sait que c’est une perversion corruptrice et manipulatrice qui motivent les hommes à s’introduire dans l’intimité des femmes dites belles ?

On remarquera que ce sont toujours les hommes de pouvoir qui donnent une accessibilité au supposé privilège d’être belle. Le pretty privilège implique donc un échange transactionnel où les hommes riches ou d’autorité (policiers, contrôleurs, chauffeur de bus, etc.) ont de l’ascendant sur les femmes désirées. Ils leur rendent service ou les débarrassent d’une contrainte tout en ayant pour attentes qu’elles leur soient charnellement redevables.
Certaines femmes en profitent, elles connaissent moins de discriminations sociales grâce à leur visage angélique, mais il n’empêche que pour celles que la situation n’arrangent pas, les agressions sexuelles et les viols se multiplient.
Beaucoup s’accorde à dire que l’effet de Halo suit le même procédé. Nous jugeons une personne à son physique et en fonction de celui-ci nous déterminerons le degré d’attention qu’on pourrait lui apporter, mais aussi la manière dont nous traiterons la personne. L’effet de halo s’apparente être un boosteur de carrières (un nouveau poste, une augmentation salariale, les éloges du supérieur) pour certain-e-s ou encore un réducteur de peine judiciaires pour les personnes (femmes, hommes et non-binaires) au profil charmant qui leur donne des airs innocents. Le désavantage que l’on pourrait attaché à l’effet de halo, c’est que les relations amicales ou amoureuses sont susceptibles d’être biaisées par l’intérêt de vouloir être associé à une personne qui présente bien sans chercher à la connaître réellement.
C’est ici que je marque la différence car le pretty privilège se base sur des structures misogynes qui hiérarchisent la beauté et l’intelligence de femmes. La société a instauré une idée qui vise à faire croire que les femmes les plus belles sont les plus bêtes et par ce phénomène on retrouve un nombre exorbitant de femmes qui se retrouvent dans la performance persuasive (elles sont appelées « pick me » par une majorité) pour conforter les hommes dans leurs pensées misogynes tout en prouvant qu’elles ne sont pas comme les autres « jolies idiotes ».

La politique de désirabilité nous pousse également à stigmatiser les femmes dont l’aspect ne correspond pas aux critères de beauté. Si nous pouvons remettre en question l’existence du pretty privilège, il est sûr que le désavantage d’être une femme moche dans cette société est incontestablement réel. Ces femmes seront facilement proies aux moqueries et méchancetés gratuites, elles seront toujours pointées du doigt et accusées d’être éperdument mauvaises ou jalouses des autres femmes.
Sur les réseaux sociaux, il est récurrent de voir de jeunes hommes, encore dans la vingtaine, condamner le comportement des femmes de leur âge qui sont quotidiennement arrosées de cadeaux luxueux et de liasses d’argent offerts par un petit-ami qui pourrait être leur grand-père. Ce que ces jeunes hommes ne savent pas, c’est que ce sont ces papys fortunés qui cherchent à imposer leur pouvoir sur des filles très jeunes. Un pouvoir qu’ils assoient par la dépendance économique des jeunes femmes souvent issues de milieux modestes. Avec l’aisance financière vient l’ostentation, et il est primordial pour ces hommes très vieux de montrer que la vieillesse ne les empêche pas de s’afficher avec les plus belles femmes perçues comme des trophées. Même phénomène chez les jeunes riches (footballeurs ou encore rappeurs) qui multiplient les conquêtes en diffusant leur biens pour attirer les jeunes femmes. Les hommes condamnent ce que les hommes perpétuent…
Le pretty privilège reste un cas où les dominants font usage de leurs pouvoirs pour parvenir à leurs fins et où les femmes sont rapportées au statut de femmes-objets. Comme avait commenté un jour une de mes abonnées, « si c’est gratuit, c’est que c’est toi le produit ».

Vous devez être connecté pour poster un commentaire.