- Ntumba Matunga
- décembre 27, 2020
- 5 min de lecture
On le sait, la sexualité des femmes noires est surveillée, contrôlée et conditionnée. Celles qui osent faire part de leurs envies se voient stigmatisées et subissent ce que l’on appelle le “slut-shaming” ou la “putophobie”. Cet article n’a pas pour but de vous faire sortir de vos croyances ou de vos valeurs, mais de pointer certaines choses qui participent à la violence physique ou psychologique que les femmes Afro expérimentent.
Nombreuses sont les femmes Africaines et Afrodescendantes qui se sentent honteuses d’exprimer leurs fantasmes ou de parler de leurs ébats sexuels. Nos cultures ou religions s’accordent pour l’instauration d’une pudeur excessive qui repousse l’érotisme articulé. La plupart de nos cultures (pas toutes) condamne la polyandrie et se montre très pointilleuse par rapport au comportement que les femmes doivent adopter. La sacralisation de la virginité féminine vise à garder les femmes prudes et les obliger à ne connaitre qu’un seul homme sexuellement.

Dans les familles très pieuses, pour garder les femmes éloignées des activités sexuelles, on leur apprendra, dès le plus jeune âge, l’importance de la valeur d’une femme vierge et on les dissuadera de s’adonner aux occupations nudistes couplées en alimentant culpabilisation et déshonneur familiale. Une femme qui ne respecte pas le contrat de chasteté et qui se fait surprendre, sera jugée souillée, indigne, voire cataloguée de prostituée.
Même pour les femmes n’ayant pas grandi dans un environnement profondément intransigeant, une gêne peut s’imposer lorsque l’on aborde les thèmes de la sexualité. La société Occidentale a un passé historique assez calamiteux, ce n’est un secret pour personne ! Mais il existe une chose qui malgré l’abolition de l’esclavage et l’indépendance des pays colonisés, continue de subsister… L’hypersexualisation des femmes Afro !

L’Occident a toujours désigné la femme noire comme étant une bête assoiffée de sexe et par cette déshumanisation, certaines vont tenter de montrer qu’elles ne sont pas des panthères et encore moins des tigresses ! Il demeure donc une envie, chez ces femmes, de faire preuve d’une grande pudeur afin de ne pas entretenir ces clichés coloniaux qui perpétuent viol et violences sexuelles sur les Africaines et Afro-descendantes.
Ajoutons aussi que la masturbation est perçue comme un pêché par une grande majorité, c’est donc grâce à ce phénomène que l’on peut constater que les femmes, en général, n’ont que très peu de connaissances sur leur propre corps et que ce qui prime avant tout est d’avoir la capacité de faire jouir son conjoint sans que lui n’ai daigné réussir à leur faire plaisir.
Le patriarcat a donc réussi à évincer toute notion de plaisir féminin mais, est également parvenu a établir une dynamique concurrentielle entre les femmes. Très récemment un clash entre deux rappeuses Afro-Américaines avait secoué la toile, de part la violence de la réponse de CupcakKe à Suki. À l’écoute de leurs deux diss track, on se rend compte que la majorité des reproches repose sur une incapacité de pouvoir faire des gorges profondes à un homme ou à tenir en position de cheval pour satisfaire un homme.
À l’aube de 2021, il est dangereux de continuer dans cette dynamique sensée humilier celles qui font de “mauvaises” félations. Il serait préférable de commencer à sensibiliser sur la notion de plaisir mutuel et d’intégrer que le corps d’une femme n’est pas un cadeau que l’on offre à un homme et ce que l’on soit pieuse ou non. Favoriser le plaisir masculin revient à renforcer les douleurs que les femmes peuvent ressentir lors de rapports sexuels parce qu’on ne leur a pas appris à être à l’aise avec leur sexualité (douleurs pendant les rapports: les causes possibles). Evidemment, ces souffrances, à cause de l’éducation reçue, elles prendront soin de ne pas les partager afin de ne pas contrarier l’homme qui prend son pied !
De plus, dans un cadre conjugale, à force de conserver ce favoritisme masculin, on laisse entendre qu’un homme à tous les droits sur sa femme qui a le devoir d’exécuter tous ses fantasmes, et c’est ainsi que certains s’adonnent au viol conjugale qui se montre aussi violent que n’importe quel autre forme de viol.
Que l’on veuille rester vierge ou pas, il est désormais primordiale de se documenter sur la sexualité, son corps et nos réactions possibles. La sexualité est un moment de partage entre des personnes supposées se faire plaisir mutuellement. Libérer la parole sur la sexualité et le plaisir féminin diminuera le nombre de violences faites aux femmes car il y a des violences commises inconsciemment. Certains hommes ne demandent même pas à leur partenaire si tout va bien pendant l’acte sexuel parce qu’on leur a appris à ne se soucier que de leur personne. Alors à bas les simulations d’orgasme, oui aux dialogues établis entre partenaires !

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