- Ntumba Matunga
- avril 12, 2021
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Ce n’est un secret pour personne, le patriarcat impose, aux garçons et aux hommes, une ligne de conduite supposée faire valoir l’authenticité de leur masculinité. L’injonction à la virilité implique de s’engager uniquement dans des relations hétérosexuelles, de n’avoir d’intérêt que pour les activités genrées masculines, de se montrer compétiteur et combatif, de faire preuve d’insensibilité, d’accorder une attention minime à son apparence physique, ou encore de se montrer dominant par le capital.
La construction sociale qu’est la virilité est pointée du doigt par les féministes comme étant une aliénation oppressive privant les hommes de s’épanouir entièrement à travers leur personnalité, celles-ci la désignent également sous l’appellation “masculinité toxique” et tout homme refusant de s’aligner à cette ligne comportementale sera, de manière péjorative, rattaché au genre féminin.
Nombreux sont les hommes qui n’ont pas conscience de la portée oppressive qui s’attache à la virilité; or, on le voit tous les jours, ce concept censure la détresse masculine, infériorise les hommes précaires et questionne la sexualité des hommes cis hétéro passionnées de cuisine, de mode ou de musique. La virilité idéalisée par une majorité, est tellement imprégnée dans les mentalités, que la déconstruire ressort du miracle !
Selon moi, les stéréotypes de genres qui accompagnent les diktats à la masculinité ont donné vie à une classification qui marginalisent les hommes ne se conformant pas à une ligne de conduite masculine universalisée. Cependant ils ne sont pas seuls à souffrir de cela puisque les hommes hyper-virils sont, eux aussi, stigmatisés et laissés pour compte.
Les hommes que je nomme hyper-virils sont généralement ceux que la société appelle “voyous”, “mauvaises graines”, “racailles”,etc. Ces hommes-là sont souvent décrits comme bagarreurs, riches de biens mal acquis, intimidants et imposants par leur personnalité, leur hyper-virilité a généralement été façonnée dès le plus jeune âge et leur procure une crédibilité urbaine indéniable.
Cette description que l’on associe aux hommes hyper-virils impacte les femmes victimes de maltraitances mentales et physiques dans leur couple et les femmes victimes de viol. La société a mis sur pied un profil idéal pour représenter les mauvais garçons, de ce fait, tout homme, ne correspondant pas à la description du voyou hyper-viril, que l’on accusera d’acte barbare sera automatiquement défendu et innocenté.
Il fut un temps où il était fréquent d’entendre des hommes se plaindre du fait que les femmes préféraient les mauvais garçons. Bon nombre de ces hommes n’ont pas l’air de saisir que cette préférence peut également s’expliquer par une différence de traitement accordée par ces derniers. De ce que j’ai pu voir, les voyous, lorsqu’ils sont en couple, encouragent leur compagne sur le plan carriériste, ils valorisent la parole de celle avec qui ils partagent leur vie et n’ont pas peur de se montrer vulnérable face à leur conjointe pour la simple et bonne raison que leur masculinité n’est pas contestable aux yeux de la société. La certification de leur masculinité leur accorde de ne ressentir aucunes insécurités par rapport à celle-ci.
Les hommes au train de vie classique, que l’on retrouve sur les bancs des facultés ou dans les grandes entreprises, sont, eux, en constante quête de validation. Tous les jours, ils doivent prouver que leur masculinité est inébranlable, mais dès lors que leur conjointe commence à avoir des rêves plus grands que les leurs, leur masculinité se fragilise. Dans une société où on enseigne qu’un homme doit percevoir un salaire plus élevé qu’une femme, la réussite féminine peut frustrer et offenser ces hommes qui exprimeront souvent leur jalousie à travers la violence verbale (ou physique dans le pire des cas) pour ramener la femme à sa condition inférieure décrétée par le patriarcat.
Dans les 2 cas de figures, il y a des exceptions, cela ne s’applique pas à tout le monde, mais celles qui ont déjà été plongées dans les deux contextes pourront confirmer que ceci n’est pas le fruit de mon imagination. La vérité c’est qu’il est plus complaisant de rattacher tous les maux de la société aux voyous, cela permet à l’opinion publique de penser que le danger ne se situe que d’un seul côté de la surface et cela enlève le poids de la honte à celles et ceux qui comptent un élément perturbateur dans leur entourage.
Il n’existe pas de profil-type de violeurs ou d’hommes violent envers les femmes, mais tant que l’injonction à la virilité existera, il demeurera difficile pour les femmes de prouver qu’elles ont été attaquées par un homme inconnu des services de police…
