- Laetitia Telcide ulderic
- août 10, 2021
La santé mentale est aujourd’hui encore un sujet épineux, et ce particulièrement au sein de la communauté noire. Il est de notoriété publique que la discussion s’orientant autour de la santé mentale noire est prohibée, et cela commence le plus souvent au sein même du cocon familial.
Les sentiments, les émotions, ces différents aspects de l’humanité ne sont pas vraiment accordés aux personnes noires, du moins ils restent invalidés auprès des tiers car ils sont vus comme étant des « problèmes de blanc.he.s. ».
Qui plus est, les femmes noires sont enfermées dans un mythe, celui de la « Strong black woman » ou encore du « Potomitan » aux Antilles notamment en Martinique. Elles sont confrontées dès le plus jeune âge à des situations les mettant à rude épreuve, que ce soit les micro agressions, le racisme, les attentes plus élevées de la part des professeurs, des entraîneurs ou la sexualisation de leur corps alors qu’elles ne sont encore que des enfants.
La situation peut également se compliquer lorsqu’elles connaissent une ascension sociale et deviennent un personnage public dont la vie est dépeinte dans les médias, les journaux, et la télévision. En effet, il est attendu de la part des personnes bénéficiant de notoriété de participer au droit à l’information, sauf que l’on a tendance à oublier que peu importe leur statut d’actrices, d’athlètes professionnelles ou de simples célébrités, elles restent humaines.
Naomi Osaka joueuse de tennis japonaise professionnelle et d’origine haïtienne ayant gagné à quatre reprises le tournoi du Grand Chelem (simple) a récemment rouvert le débat en expliquant que depuis sa victoire à l’US Open en 2018 elle souffrait de « dépression et d’anxiété sociale la rendant particulièrement nerveuse lorsqu’elle devait parler en public ». Les avis ont alors divergé, certains la catégorisant « d’enfant gâtée », d’autres lui offrant leur soutien, c’est le cas de Serena Williams elle aussi régulièrement attaquée sur ses tenues et voire même sur son physique. De même Michael Phelps, la « légende Américaine de natation » a reconnu que la pression exercée sur les athlètes, notamment les Olympiens relevait de l’image portée sur ces derniers. Ils sont représentés comme « des phénomènes paranormaux » des « êtres parfaits et sans faiblesse », or reconnaître que l’on souffre de ces deux aspects, physique et mental, permet en effet d’accomplir nos objectifs.
Il faut saisir l’opportunité d’exprimer l’entièreté de ses problèmes, qu’ils soient physiques ou mentaux, le fait de ne pas en parler nous empêche d’avancer, c’est un bagage dont il faut se débarrasser, énoncer cette partie de nous est certes effrayant car l’on en vient à montrer aux autres notre propre vulnérabilité, toutefois il est naturel de s’occuper de soi. Comme dans les moments où l’on doit se rendre chez le médecin en cas de maladie, il est essentiel de traiter son esprit. Par la même occasion, il n’y a aucune raison de se révolter lorsqu’ une personne souhaite trouver un.e psychologue lui ressemblant, bien au contraire, c’est un moyen supplémentaire de s’ouvrir plus facilement et d’être compris, de ne pas voir son ressenti, sa situation invalidée par autrui. De plus l’absence de représentation, l’entretien des clichés tirés de l’esclavage indiquant les personnes noires comme plus « résistantes » et nos perpétuelles luttes politiques, peuvent également influencer la perception négative que nous pouvons avoir de nous-mêmes.
les violences policières ou le simple fait de lutter pour ne pas mourir ont un impact fort sur la perception que la société et nous-même avons de la maladie mentale
SOFIANE W. « Comme si la santé mentale des Noir.e.s n’existait pas ! »
Cependant les choses changent, les athlètes comme Simone Biles gymnaste artistique américaine aux multiples titres olympiques et mondiaux délient leur langue, les acteurs et actrices témoignent. Taraji P. Henson s’est exprimée à ce sujet dans une interview de SELF en date du 3 décembre 2019, où elle avoue qu’en tant que femme noire et actrice hollywoodienne, il y avait beaucoup d’attentes à l’égard des femmes et particulièrement à l’égard des femmes noires qui sont d’emblée comparées aux hommes blancs à côté de qui elles sont sous payées et ce en dépit de leur passion pour l’acting et du rôle de représentation qu’elles détiennent dans le monde du cinéma. L’actrice Violas Davis a également fait remarquer que même après avoir été comparée à une célèbre actrice blanche qui lui a valu le surnom de « Meryl Streep noire », le salaire ne suivait pas.
En d’autres termes, tous les facteurs sociétaux auxquels font face les femmes noires sont enclins à augmenter leur mal être intérieur, et les attentes parfois impossibles à atteindre forgent cette idée que rien ne les affecte car l’ensemble de l’humanité les désigne comme étant des êtres forts ayant l’obligation de se montrer insensibles. Ces injonctions intégrées aux moeurs Africains et Afrodescendants, apprennent aux femmes noires qu’en toutes situations, elles doivent toujours garder la tête haute et porter leur couronne avec fierté. Même si ce message déborde de positivité il reste parfois trop proche d’une idée de perfection, or nous devons retenir que « The perfection is the perfect lie », il n’y a pas plus faux que la perfection car après tout elle n’existe pas.