- Ntumba Matunga
- août 12, 2021
- 3 min de lecture
Pour beaucoup, la charge mentale s’apparente à une exigence féminine qui tenterait d’émasculer les hommes en leur attribuant des corvées dites de femmes. Or la charge mentale englobe la totalité du travail (professionnel et domestique) effectué par les femmes et les répercussions que ce labeur trop fastidieux engendre sur la santé mentale des femmes.
À l’heure actuelle, une majorité de femmes participe à la vie active en ayant une carrière professionnelle, mais par des routines obsolètes entretenues, lorsqu’elles franchissent le seuil de leur domicile, celles-ci, après 8 heures de travail (ou plus selon la profession), se voient administrer des occupations éprouvantes destinées à assurer le bon entretien de la maison.
Nul ne peut contester l’incommodité et la contrariété que génère le travail domestique, pas même les hommes, puisque ces derniers (à quelques exceptions près) se confortent dans le maintien des rôles sexués pour éviter toutes formes d’implications dans ce qui devrait être aussi au centre de leur attention, le travail domestique.
Aux siècles précédents, lorsque les femmes Occidentales n’étaient pas autorisées à générer de l’argent, leurs positions dépendantes et subordonnées assignées par une misogynie étatique, les sommaient à exercer gratuitement le travail domestique, tandis que les hommes, eux, devaient assumer le rôle de pourvoyeurs et être prêts à combattre en temps de guerre. Il en était autrement pour les personnes Afrodescendantes et Africaines, puisque de part un passé sanglant, les femmes noires, ont toujours eu à allier le travail rémunéré (ou non) au travail domestique non-rémunéré, alors que les hommes noirs assumaient leurs responsabilités professionnelles rémunérées (ou non) et ne devaient plus, grâce à une culture patriarcale qui favorise les hommes, se soucier du travail à accomplir une fois rentrés au bercail.

Pourquoi se marier à des hommes fainéants ?
Une question qui revient fréquemment ; “ pourquoi t’es-tu mariée à un homme pareil ?” cette question, en plus d’incriminer implicitement les femmes pour leurs choix de vie, est hors de propos. On veut nous faire entendre que les femmes seraient plus à cheval que les hommes sur la propreté, or, ce que la société tente de faire passer pour un don du ciel féminin, n’est que le fruit d’une éducation plus axée sur le travail domestique pour les filles. Comme énoncé dans l’article abordant la charge mentale des petites filles noires, ces dernières, à cause d’une exposition précoce à la vie d’adulte, mûrissent plus vite et trouvent leur indépendance plus tôt que les autres enfants.
C’est donc par une éducation plus laxiste, que les petits garçons devenus hommes ne trouvent aucune motivation pour ce qui concerne les tâches élémentaires du quotidien de tout être humain. Ces procédés d’éducation sont encouragés par les hommes Afrodescendants et Africains, mais ils sont également poussés par bon nombre de femmes noires ayant assimilé ces inégalités qu’elles pensent légitimes.
L’opprimé finit par accepter la légitimité d’un ordre inégalitaire et en devient implicitement complice. Ce serait une erreur grave de considérer l’absence de protestation et de remise en cause de l’inégalité, comme la preuve de l’inexistence de cette inégalité.
Il n’est donc pas inconvenant de dire qu’épouser cet homme-là ou un autre, reviendrait au même résultat, dans le cadre où nous sommes toutes et tous influencé-e-s par des injonctions sociétales sexistes et misogynes.

Dépendance financière et foyer en perdition
En 2021 une inégalité salariale entre les genres continue de pénaliser les femmes, ce qui fait que dans une grande partie des foyers, les hommes gagnent plus que leur partenaire. Cette inégalité salariale, créé une dépendance chez la femme qui souhaite quitter son conjoint mais ne peut l’envisager car, cela reviendrait à vivre sur le seuil de pauvreté, avec parfois, des enfants à charge.
Plusieurs études [voir livre sexe, genre et société– éditions Codesria-Karthala] ont démontrées que les femmes utilisent la totalité de leur argent pour les besoins familiaux, alors que les hommes, grâce à leur salaire plus élevé, contribuent aux besoins du ménage tout en ayant le privilège de pouvoir se faire plaisir en s’offrant des futilités. Ces mêmes études révèlent également que le manque d’argent des femmes et le manque d’implication des hommes dans le travail domestique, sur le long terme, créent un dérèglement au sein du foyer. Les femmes, en dépression et dépassées par une surcharge de travail finissent par négliger leur foyer (comme le font les hommes), et par ce phénomène, il a été observé que les enfants, issu-e-s de foyer où règne des inégalité genrées, étaient plus susceptibles de se retrouver en échec scolaire, ou plus grave même, confronté-e-s au décrochage scolaire et au banditisme.
Il est maintenant clair que les femmes ne sont pas les seules victimes des conséquences de la charge mentale, mais malheureusement son impact sur la société demeure minimisé par les fervent défenseurs du patriarcat. On se le demande alors, à quand la fin de la charge mentale ?

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