- Ntumba Matunga
- novembre 3, 2021
- 4:30 pm
En 2020, lors du forum économique de Davos, en Suisse, la jeune militante écologiste Ougandaise Vanessa Nakate était photographiée aux côtés d’autres militant-e-s. Cependant l’agence de presse “the US’ AP news agency” présentait un cliché rogné ou la jeune activiste Africaine ne figurait plus. Cette photo recadrée suscita énormément de réactions accusant l’agence AP de négrophobie. Lorsqu’il fut interrogé par la BBC, le directeur de la photographie d’ AP s’est défendu en disant qu’il ne s’agissait en aucun cas de racisme mais d’ajustements apportés à une photographie mal cadrée.


Malheureusement, pour la deuxième année consécutive, Vanessa Nakate se voit, à nouveau, évincée du champ de vision. Bon nombre de médias continuent de relayer une image où la jeune femme n’est plus présente, tandis que d’autres journalistes publient des articles illustrés par des clichés où Nakate est bien visible, mais omettent de mentionner son nom.
Vous n'avez pas simplement effacé une photo, vous avez effacé un continent ! Mais je suis plus forte que jamais.
Vanessa Nakate Tweet
Cette invisibilisation s’inscrit dans un système négrophobe où la parole des personnes Africaines et Afrodescendante est constamment dévalorisée. De ce fait, les Africain-e-s et les Afrodescendant-e-s deviennent les grand-e-s oublié-e-s de l’histoire et se voient obligé-e-s de faire des recherches chronologiques par leurs propres moyens pour se réapproprier leur histoire et rendre hommage à leur héros et héroïnes.
Dans ses prises de paroles, Vanessa Nakate évoque le fait que l’Afrique est le continent qui souffre le plus du changement climatique alors qu’il n’est responsable que de 3% des émissions de CO2. En Europe, les personnes issues des diasporas cultivent, depuis des générations, des rituels qui ont une certaine valeur écologique. Certes, ils sont d’abord provoqués par le coût de vie, mais il n’empêche qu’ils entrent parfaitement dans le principe des 3R (réduire, recycler, réutiliser). Des rituels qui consistent à verser l’eau de douche inutilisée dans des seaux d’eau à conserver pour une autre utilisation (arroser les plantes, laver le sol, etc.), récolter l’eau de pluie dans des seaux pour ne pas avoir à tirer la chasse d’eau aux toilettes, conserver les sachets en plastique fournis par les supermarchés pour les réutiliser à plusieurs reprises, laver les pots de glace et de confiture après consommation pour compartimenter la nourriture dans ces contenants, etc.

Les personnes Afro n’ont donc rien à apprendre pour ce qui est de l’écologie. C’est aux multinationales, aux politiques, et aux classes riches de se responsabiliser et d’amoindrir leur consommation d’énergies fossiles. Car, en plus d’être épuisables, les énergies fossiles augmentent l’effet de serre, acidifient les océans et provoquent des catastrophes naturelles telles que les tempêtes, les ouragans, les incendies, etc. Pour toutes ces raisons, Vanessa Nakate est devenue l’une des voix de l’Afrique. Dans son ouvrage-manifeste, elle pousse un cri d’alarme en sensibilisant sur la situation climatique, sur le racisme systémique, et sur l’éducation des filles en Afrique. Sa parole est lourde d’accusations fondées qui obligent à la remise en question. Finalement, censurer Nakate serait-il un nouveau moyen pour éviter de se retrouver face à ses obligations ?

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