L’année 2022 commence avec deux disparitions tragiques de deux jeunes filles noires sur deux continent différents, qui impliquent un féminicide et un suicide provoqué par un acharnement verbal devenu insupportable pour la victime.
Aux États-Unis, le samedi 8 janvier 2022, le corps sans vie d’une jeune fille Afro-Américaine nommée Tioni Theus est retrouvé sur le bord de l’autoroute à Los Angeles.
Une veillée a eu lieu dans la soirée du mardi 18 janvier pour Tioni Theus, une jeune fille de 16 ans dont le corps a été retrouvé sur le côté de l’autoroute 110 au début du mois, au sud de Los Angeles. Lors de ce moment de recueillement des membres de la famille de la victime ont rejoint les militants anti-racistes pour dans l’espoir de retrouver l’assassin de la jeune fille.
On parle d'une jeune fille de 16 ans. On ne parle pas d'une adulte. On parle d'une enfant de 16 ans ! Elle a été jetée sur le bord de l'autoroute comme une poubelle, et c'était juste une enfant ! Elle signifiait quelque chose pour sa famille.
Les enquêteurs confirment, Tioni Theus a été assassinée et son corps a été retrouvé le 8 janvier 2022, le long de la bande d’accès de l’autoroute 110 sur Manchester Avenue, à Los Angeles. Les conducteurs passant par la zone ont vu le corps et ont alerté les autorités vers 8 heures du matin, selon la California Highway Patrol. L’enquête sur la mort de Theus suit son cours et est menée par le CHP (California Highway Patrol) et le LAPD (Los Angeles Police department).
En France, Noëla, 11 ans, a mis fin à ses jours, jeudi 13 janvier après être rentrée de l’école où, selon les parents de la victime, elle subissait de l’harcèlement. C’est sa petite sœur qui l’a retrouvée morte au domicile familial à Paris.
Selon les parents de Noëla, la jeune fille était harcelée par le corps professoral, qui multipliait les réprimandes excessives envers la défunte. Valeicle, la maman de Noëla aurait été convoquée par le principal du collège lundi 10 janvier 2022, ce dernier laissait savoir qu’une altercation entre l’élève et son professeur d’histoire-géographie avait eu lieu.“Mais Noëla m’a juré qu’elle n’avait rien fait”, déclarait sa maman au Parisien.
Trois jours plus tard, jeudi 13 janvier, l’écolière de 11 ans était appelée dans le bureau du principal du collège avec sa mère. Cette dernière affirme que le supérieur aurait énuméré “toutes les bêtises de Noëla” et suite à cela, il livra, à la maman, un courrier, convoquant Noëla à un conseil de discipline le 24 janvier. C’est cette annonce du conseil de discipline qui a fait perdre tout espoir à Noëla, et sa mère affirme que, avant de ce pendre, la défunte avait laissé ces mots “Je n’aime pas ce collège, je veux vraiment que ça s’arrête”.
Après cet événement tragique, une cellule psychologique a été établie au sein du collège qui instruit 554 élèves dont 140 élèves en classe de 6e. Une plainte contre l’établissement a été déposée par la famille de Noëla et ce Mercredi 19 janvier, une marche blanche en hommage à la collégienne a été organisée à Paris à 11 heures. Une enquête a été ouverte par le parquet de Paris en “recherche de causes de la mort”.
Ces événements, bien que récurrents, finissent toujours par se retrouver aux oubliettes. Les jeunes filles noires sont victimes de harcèlement, de violences physiques ou pire de féminicide, car l’imaginaire collectif place les filles noires au même rang que les animaux. Cette déshumanisation qu’inspire la misogynoire, accorde aux filles et femmes noires un supposé caractère robuste, impossible à domestiquer et ce, pour l’unique raison de leur couleur de peau. Elles sont perçues comme beaucoup trop noires, beaucoup trop imposantes, beaucoup trop bruyantes, beaucoup trop agressives, pour que la société puisse les considérer avec un sentiment autre que l’hostilité. Ce regard lourd de mépris que pose l’humanité toute entière sur les filles et femmes noires, nous rend inéligibles aux démonstrations de compassion que pourrait exprimer la société à notre égard, nous dirige vers un isolement dépressif collectionnant les pensées suicidaires, chose qui, dans le pire des cas, nous mène tout droit au cimetière. Et ceci sans que personne n’ait songé à nous protéger ou à mettre fin à ces violences misogynoires…
