La vie des femmes Congolaises menacée
- Ntumba Matunga
- juillet 27, 2022
- 7:42
En République démocratique du Congo (RDC), dans les villes de Goma et Butembo, deux jours de protestations, la population exige le retrait de la Monusco.
Depuis lundi 25 juillet, à Goma et Butembo, des femmes et des hommes se rassemblent devant le siège de la Mission de l’ONU pour la Stabilisation en RDCongo (Monusco), pour exprimer leur mécontentement face à l’inefficacité des forces onusiennes à assurer leur protection. Les manifestant-e-s qui se tenaient devant la base logistique de la Monusco ont, par la suite, attaqué le camp de transit de la mission. Pour les disperser, les soldats de l’ONU ont lancé des tirs de sommation dirigés vers la population. Les autorités congolaises déplorent 15 morts dont 12 civils et 3 soldats onusiens.
Pourquoi cette révolte populaire ?
Depuis près de 30 ans, l’est de la RDC est touché par un génocide. Des groupes armés y imposent terreur et insécurité en exerçant des viols et des massacres sur la population rendue vulnérable.
Les premières troupes de défense onusienne sont envoyées à l’est de la RDC en 1999 afin d’assurer le maintien de la paix dans ces zones géographiques. Mais ce n’est qu’en 2013 que la Monusco voit le jour. La Monusco devient la plus importante opération de l’Organisation des Nations Unies (ONU) avec 17 000 militaires missionnés chaque année et 1.15 milliards € déboursés annuellement pour soutenir cette mission. Malgré la présence de la Monusco sur le territoire congolais, aucune progression n’a pu être constatée.
Quels sont les enjeux pour les femmes ?
Au mois de mai dernier, le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH) enregistrait une augmentation de viols sur les femmes de 117% depuis le mois d’avril 2022. Des violences sexuelles exercées par des agents de l’Etat, des militaires des Forces armées de la RDC (FARDC), des agents de la Police nationale Congolaise (PNC), et par les rebelles du M23.
Si le viol se veut pratique courrante au sein des forces congolaises, les casques bleus aussi en sont amateurs. En effet, en 2017, malgré l’adoption d’une résolution spéciale par le conseil de sécurité de l’ONU pour lutter contre les violences sexuelles exercées par les soldats, la Monusco enregistrait 18 accusations d’abus et d’exploitations sexuels, dont 14 ont donné naissance à des enfants issus de viols.
Les milices rebelles et les forces de l’ordre utilisent le corps des femmes Congolaises comme arme de guerre en toute impunité. L’extermination de la population nord-est Congolaise est entretenue par les groupes armés qui se multiplient et se diversifient chaque année un peu plus, laissant les civils, mais surtout les femmes, livré-e-s à elles/eux-mêmes.
Lorsque l’on parle militantisme et défense de la partie civile, ce sont toujours les hommes qui sont mis au devant de la scène, mais des femmes s’attellent chaque jour depuis des années à la protection et la guérison de leurs consoeurs survivantes de viols et violences sexuelles. Ces femmes ne sont autres que Katana Gégé Bukuru, Justine Masika Bihamba, Rose Mapendo, Neema Namadamu, Marie-Claire Faray, Julienne Lusenge, Rebecca Masika Katsuva (décédée à 50 ans le 2 février 2016), etc.
S’alignant avec l’opinion publique, le gouvernement congolais demande le retrait de la Monusco qui en plusieurs décennies n’est parvenue ni à dissoudre les groupes armés, ni à protéger la population. Alors on se le demande, pourquoi la Monusco souhaite prolonger son séjour interminable au Congo ?
