- Ntumba Matunga
- février 28, 2023
En Tunisie, plus que jamais, l’insécurité menace les personnes noires. Le président KaÏs Saïed s’accapare de la théorie du grand remplacement pour effrayer la population tunisienne.
Depuis le 21 février, Kaïs Saïed enchaîne les prises de paroles nationalistes. Un communiqué criant de racisme publié par la présidence tunisienne accuse les personnes noires de vouloir remplacer les Arabes en Tunisie. Dans un mouvement complotiste, le président Kaïs Saïed affirme qu’un arrangement criminel aurait été mis en place pour que la Tunisie soit destituée de sa culture arabo-musulmane et devienne un pays africain. Saïed désigne les personnes noires comme étant initiées à la violence et aux crimes. Des personnes qui, si on les laisse demeurer sur le territoire tunisien, bouleverseraient la tranquillité du pays.
Depuis ces nombreuses déclarations racistes, des activistes tunisien-nes ont organisé plusieurs rassemblement dans les rues de Tunis afin de s’opposer à la politique raciste et fascite du président. L’Union Africaine a également condamné le discours identitaire du président tunisien. Mais Kaïs Saïed n’est-il pas en train de pérenniser la négrophobie qui habite la Tunisie depuis plusieurs siècles déjà ?
Un racisme d’état qui ne date pas d’hier
Si aujourd’hui l’état tunisien cible les migrant-e-s subsaharien-ne-s comme bouc émissaire, il y a quelque temps de cela, c’était sur les personnes Tunisiennes à la peau noire que l’état s’acharnait. Les cimetières ségrégués, les agressions à caractère négrophobes, l’interdiction de s’introduire dans certains endroits réservé aux Tunisien-ne-s non-noir-e-s, ont provoqué le ras-le-bol de la députée Jamila Ksiksi, une femme noire, qui s’est battue pour faire passer une loi anti-raciste en octobre 2018.
Cette loi anti-raciste (loi organique n°50-2018) était la première loi condamnant le racisme dans monde arabe. Près de 5 ans plus tard, Cette loi qui devait permettre aux Tunisien-ne-s noir-e-s d’obtenir justice et réparation après une attaque et/ou une discrimination raciale, se voit furtivement contre-indiquée par le président Tunisien.
Quels sort pour les migrant-e-s ?
Contrairement aux Tunisien-ne-s noir-e-s, les migrant-es noir-e-s se retrouvent systématiquement en situation irrégulière. Être sans papier leur inflige, en plus de la maltraitance négrophobe, une exploitation qui s’apparente à l’esclavage créant une instabilité financière qui impose une dépendance ne leur permettant pas de s’émanciper. Les femmes noires demeurent les plus vulnérables car, à la discrimination raciste, et aux attaques négrophobes s’ajoutent l’hypersexualisation de leur corps. Cette hypersexualisation laisse place au chantage sexuel, aux agressions sexuelles et aux viols sur leur lieu de travail, mais également, dans l’espace public.
Des témoignages relayés par France24 et TV5Monde affirment que les propos du président ont déjà créé une chasse à l’homme. Mais déjà, plusieurs politologues s’accordent à dire que tout laisse à penser que le président, qui n’est pas parvenu à atteindre les objectifs qu’il s’était publiquement fixé avant son mandat, utilise les personnes noires pour expliquer son échec face à la crise économique et sociale que connaît la Tunisie actuellement et ainsi se déresponsabiliser.
