- Ntumba Matunga
- avril 18, 2023
- 3:30
Depuis quelques années nous sommes toutes et tous témoins de la vitesse à laquelle les actions militantes des femmes Afro prennent de l’ampleur. Des mouvements qui, initialement, étaient concentrés sur les communautés noires deviennent désormais universels. Les femmes afro sont au devant de toutes les luttes et font bouger les lignes. Elles se lèvent pour leurs droits, créent des mouvements et des tendances politiques qui sont loin de passer inaperçues. Voyons, dans cet article, quels sont les mouvements concernés.
Le féminisme "intersectionnel"
En 1989, l’afroféministe, professeur, et juriste Kimberlé Crenshaw évoque, pour la première fois, le terme “intersectionnalité”. Avec cette nouvelle approche, Crenshaw mettait alors le doigt sur les biais de domination raciale, sexiste, politique, validiste et sociales imposés aux femmes noires. En avance sur son temps, Crenshaw explique, à la fin des années 80, que ces violences sont regroupées par un entrecroisement indissociable des oppressions systématiquement reliées à l’identité et aux conditions de l’existence des femmes d’ascendance africaine.
Plus de 30 ans plus tard, les féministes de tous les horizons incluent le mot “intersectionnel” dans leur jargon militant. Ce mot, popularisé dans les sphères féministes, est désormais un incontournable utilisé comme étendard d’une supposée déconstruction. Des femmes blanches revendiquent leur féminisme comme étant intersectionnel et s’organisent dans des espaces dits intersectionnels, souvent sans que la présence de femmes noires (ou autres personnes non-blanches) ne soit détectée.
#SayHerName
Le hashtag #sayHerName voit le jour en février 2015, et c’est l’organisation the african american policy forum qui décide de mettre ce slogan en avant afin de lutter contre l’invisibilisation des femmes noires dont la vie a été arrachée par les répressions policières.
Si #SayHerName est un outil initialement conçu pour que l’on nomme les prénoms des femmes noires victimes de féminicides causée par leur genre et leur race dans des sociétés misogynoires, aujourd’hui il est courant de voir des personnes non-noires affilier ce hashtag à des féminicides touchant des femmes non-noires. D’une certaine façon, cette nouvelle utilisation de #sayHerName renforce l’invisibilisation des crimes commis contre les femmes noires.
#BlackLivesMatter
Ce mouvement que l’on ne présente plus est fondé en 2012 par 3 femmes, afroféministes et lesbiennes, Patrisse Cullors, Alicia Garza et Opal Tometi. Les 3 femmes s’organisent en manifestations en réponse à une énième injustice : Trayvon Martin est descendu par la police.
#BlackLivesMatter, étendu à travers le monde, voit son accroche dupliquée et légèrement modifié selon les oppressions. Mais malheureusement, les personnes opprimées ne sont pas les seules séduites par le slogan. En opposition à #BLM, le fascisme américain scande “#AllLivesMatter” traduit “toutes les vies comptent” ou “#BlueLivesMatter” qui signifie “Les vies des policiers comptent”.
#MeToo
Il y a 16 ans, le mouvement, qui a pour but de libérer la parole des survivantes Afros d’agressions sexuelles, voyait le jour grâce à la militante Afroféministe Américaine Tarana Burke. En 2006 Burke s’étonne du manque d’intérêt porté aux survivantes noires, c’est pourquoi, elle décide, avec #MeToo, de visibiliser ces atrocités passées sous silence. Son mouvement connaît un grand succès dans les communautés afro-américaines.
En 2017, l’actrice de la série culte “charmed” Alyssa Milano invite ses fans survivantes à écrire #MeToo sur son compte Twitter afin de conscientiser et laisser savoir que toutes les femmes sont concernées. Consciemment ou non, sa prise de parole a également laissée place à un whitewashing qui a complètement évincé du champ médiatique Tarana Burke qui, depuis 2006, a permis à de nombreuses survivantes de sortir du silence.
